LES FRANÇAIS
Le Français qui grattouille dans France-Soir-Figaro est nul.
Il a vu l'émission bruyante et pathétique que Polac a consacrée à la mort d'un hebdomadaire irrévérencieux.
Le journaliste de France-Soir-Figaro a trouvé cette émission ignoble, et répugnante, et odieuse, et son âme distinguée de chroniqueur des fœtus de Denise Fabre et des aventures du papa d'Iglesias s'est soulevée d'horreur en entendant des gros mots dans SA télé de SON salon pompeux. Et les poils de sa moquette ont frémi d'indignation sous cette avalanche de vulgarité, tellement inattendue à l'heure des Carpentier.
Le Français qui grattouille dans France-Soir-Figaro, le même qui fait sa « Une » du week-end sur les faux anus papaux, les courses de nains sur canassons ou Saint-Étienne-Moncuq, en accordant trois lignes par an aux enfants du monde qui crèvent de nos excès de foie gras, ce Français-là et ceux qui le lisent réservent les mots d'ignoble, d'odieux, de salace et d'immonde aux colères télévisuelles éthylico-suicidaires des gens qui ont inventé le seul nouveau journal en France depuis je suis partout. Le seul journal de France qui ne ressemble pas à France-Soir-Figaro.
Oui, le seul. Et ce n'est pas par hasard si ceux qui l'ont créé étaient aux premières loges pour participer à la seule émission de télé nouvelle en France depuis Louis-Philippe.
Les Français sont nuls. Pas tous. Pas mon crémier, qui veut voir la finale Le Pen-Marchais arbitrée par Polac à la salle Wagram, mais les Français coincés chafouins qui s'indignent parce qu'on a dit prout-prout-salope dans leur télé. Changez de chaîne, connards, c'est fait pour ça, les boutons. Quand vous voyez trois loubards tabasser une vieille à Strasbourg-Saint-Denis, vous regardez ailleurs. Eh bien, faites pareil quand il se passe vraiment quelque chose dans votre téléviseur. Regardez ailleurs. Regardez « Le grand échiquier ». C'est une émission où tout le monde s'aime, et Jean-Louis Barrault (qui fait très bien le cheval) congratule Jean Marais, qui l'embrasse, et qui congratule Silvia Monfort (qui fait très bien le cheval) et qui congratule Georges Descrières qui raconte quand Jouvet lui tirait l'oreille en disant : « Petit, tu iras loin. »
Ça va mal. Les Russes arrivent et je n'ai rien à me mettre, et Cavanna pointe à l'ANPE. C'est la fin du monde.